Le sautoir de la Pascaline
La machine de Blaise Pascal est constituée par des étages mécaniques identiques correspondant aux différents ordres d'unités. Ces étages sont reliés les uns aux autres par le mécanisme de report des retenues (le sautoir) qui, lorsque le tambour chiffré a fait un tour complet, incrémente d'une unité le tambour situé à sa gauche. Ce sautoir est un poids qui, soulevé par la rotation des roues, accumule de l'énergie qui est libérée au moment adéquat pour faire passer la retenue.
Une caractéristique remarquable de la pascaline est son mécanisme de passage des retenues entre les différents étages. Le passage des retenues s'effectue en cascade. Avec un tel système, une machine à calculer peut comporter autant d'étages que l'on veut, ce qui n'est pas le cas dans un système de passage de retenues simultané (comme celui de la machine de Scickard) qui, de part les frottements bloque la mécanique lorsque l'on veut faire passer une retenue sur plusieurs étages simultanément (cf rubrique "les technique" "les reporteurs").
Dans une machine décimale, chaque roue étoilée de l'inscripteur comporte dix rayons. Un train d'engrenages transmet sa rotation au tambour chiffré qui tourne du même angle (figure ci-dessus dans laquelle, pour des raisons de clarté, l'inscripteur et le tambour chiffré ont été soulevés).
Lorsque le tambour chiffré affiche "4", le sautoir est mis en prise avec le mécanisme. A partir de cet instant, il est soulevé progressivement lorsque l'affichage passe de "5" à 9. Lors du passage de "9" à "0", il est libéré et actionne dans sa chute la roue suivante pour la faire tourner d'un dixième de tour.
(Pour les machines monétaires, la première roue comporte 12 dents (12 Deniers valent 1 Sol) la deuxième 20 dents (20 sols valent une Livre), les roues suivantes étant décimales. Les retenues passent ainsi correctement)
Le train d'engrenages comporte trois disques. Le premier est muni du côté de l'inscripteur de tiges assurant la liaison avec l'inscripteur. Les deux premiers disques sont reliés par deux tiges décentrées qui servent à actionner le sautoir au fur et à mesure de l'entrée des chiffres.
Le deuxième disque porte dix tiges du côté du tambour chiffré. Un cliquet s'appuie sur ces tiges et contraint l'ensemble à prendre une position angulaire bien définie (parmi dix possibles). Cela assure que le tambour chiffré s'arrête exactement sur un chiffre et non pas dans une position intermédiaire. Le cliquet empêche également le train d'engrenage de tourner dans l'autre sens. Le ressort du sautoir viendra pousser (à l'étage suivant) l'une de ces tiges lors du passage de la retenue.
Le troisième disque porte également dix tiges. Elles assurent la liaison avec le tambour chiffré.
L'animation ci-dessous illustre le fonctionnement du sautoir. L'inscripteur ainsi que le tambour chiffré ne sont pas représentés. Le premier disque du premier étage est semi-transparent pour permettre de visualiser comment les tiges décentrées viennent en prise avec la fourche du sautoir.
Le premier disque n'étant pas nécessaire pour la compréhension, il a été enlevé sur le deuxième étage. Le deuxième disque semi-transparent permet de voir l'action du ressort du sautoir sur les tiges.
La séquence filmée suivante montre le fonctionnement du sautoir sur une réplique de Pierre Charrier. La caméra est placée en dessous de la machine. Lorsque la retenue a été passée, le film est rembobiné pour être visionné en boucle (ce qui explique le comportement erratique des dizaines).